Le rouleau d’En-Gedi complètement calciné est reconstruit en 3D
● Le
rouleau d’En-Gedi a brûlé dans l’incendie d'une synagogue
En 1965, les ruines d’une ville antique ont été découvertes
à En Gedi, une oasis située sur la rive occidentale de la mer Morte à 40 km au sud de Qumrân.
Sites à l’ouest de la mer Morte – wikipedia commons
Grâce aux travaux d’excavation réalisés en 1970, l’archéologue israélien Yoseph Porath met à jour une synagogue qui
avait été incendiée vers l’an 600 de notre ère et dont la partie la plus ancienne date du 3ème siècle. Les maisons d'habitation qui la jouxtaient ont également brûlé.
Dans l’armoire sacrée où étaient rangés les textes liturgiques, les archéologues ont découvert une série de rouleaux carbonisés qui avaient tendance
à se décomposer dès qu’on les touchait.
L’un de ces rouleaux calcinés va, un demi-siècle plus tard, dévoiler des textes bibliques d’une grande importance.
Rouleau d’En-Gedi datant du 3ème ou 4ème siècle après J-C
d’après la datation au Carbone 14, Wikipedia commons
Elena Libman, des autorités israéliennes de l’antiquité déclare : “Quand j’ai vu la boite avec quelque chose de noir, je n’aurais jamais imaginé pouvoir en faire quelque
chose.”
● Des prouesses technologiques révèlent le contenu d’un ancien rouleau calciné !
En 2016, soit presque un demi-siècle après la découverte des rouleaux
d’En-Gedi, des chercheurs américains et israéliens soumettent l’un de ces rouleaux à une nouvelle technique d’imagerie numérique en 3D de pointe qui consiste à radiographier l’objet sans le déplier.
La technique appelée microtomagraphie aux rayons X permet en effet de faire une reconstitution spatiale et de faire apparaître le texte dissimulé dans le rouleau
bien trop endommagé et trop fragile pour être déroulé.
Pnina Shor, des autorités israéliennes de l’antiquité explique : “Ce morceau de charbon
de bois a été un très beau rouleau d‘écritures. Il a brûlé et bien sûr il est devenu illisible. Nous avons donc déroulé virtuellement le rouleau pour aller à l’intérieur de ce morceau et pour
le séparer en différentes couches. Nous voulions trouver les couches qui présentaient les meilleurs restes d‘écritures avant de les dérouler.”
L’équipe de recherche américano-israélienne a pu déterminer que ce document, fait de peau d’animal, était une version du Lévitique,
le troisième des cinq livres de Moïse, la Torah, dont il contient les “deux premiers chapitres”.
Ces chercheurs ont pu produire virtuellement une image du document entièrement déroulé, montrant un texte de 35 lignes dans chaque colonne, dont 18 étaient préservées et 17 ont été
reconstituées.
Lien - Explication
Euronews
Le déroulement virtuel commence avec l’acquisition d’un scanner volumétrique tridimensionnel du manuscrit endommagé.
Ce scan produit un jeu d’image qui s’entrecroisent et qui nous montrent la structure interne du rouleau. Quand on le regarde comme un objet en 3D on peut clairement voir les différentes
couches internes du rouleau.
Ces couches sont d’abord capturées en 3D par un processus appelé "segmentation ".
Ensuite on extrait l’encre des informations, c’est ce qu’on appelle la "texturation", en utilisant la forme en 3D qui a été générée par la segmentation. Les pixels clairs
indiquent les régions d’information dense soit dans ce cas de l’encre avec du fer ou du plomb.
Pnina Shor explique : “Grâce à cette technologie on va pouvoir ouvrir de nouveaux
horizons à la recherche scientifique dans le sens où il ne sera désormais plus nécessaire de dérouler ces rouleaux ou d’intervenir physiquement, parce qu’on va pouvoir regarder à l’intérieur
de tout objet sans intervention physique.”
Cette technologie numérique a été mise au point par Google et par la Fondation scientifique nationale américaine.
● Le résultats de l’analyse en 3D du rouleau d’En-Gedi
L’équipe de chercheurs a pu mettre en évidence un texte de 35 lignes correspondant au passage biblique des deux premiers chapitres du Lévitique.
Ce passage explique en détail comment les Israélites devaient procéder afin d’offrir des holocaustes à Jéhovah ou Yahvé.
EGLev ABF master view – Brill
EGLev original inverted and enhanced master view - Brill
Le Tétragramme du Nom est Dieu est présent dans le précieux manuscrit d’En-Gedi.
Le Tétragramme figure à vingt reprises dans les deux premiers chapitres du Lévitique dans les écrits originaux.
● L’intégrité du
texte
Lorsque des spécialistes en Israël ont analysé le texte, ils ont été stupéfaits de constater à quel point le
texte d’En-Gedi s’avère rigoureusement identique au texte hébreu massorétique utilisé dans la plupart des traductions de la Bible à travers le monde (contrairement aux rouleaux de Qumrân qui montrent
quelques différences de style). Ces résultats inespérés montrent que le texte sacré s’est transmis depuis l’Antiquité sans modification.
« En lisant le manuscrit d’Ein-Gedi, nous avons été frappés par le fait que certains passages sont
identiques dans le moindre détail calligraphique et l’organisation des sections au texte Massorétique, qui fait autorité au sein du judaïsme », a expliqué, lors d’une conférence de presse
téléphonique, Michael Segal, directeur de la faculté de Philosophie et de Religion à l’Université Hébraïque de Jérusalem.
Les Massorètes (en hébreu, Baalei Hamasorah, “Seigneurs de la tradition”), étaient des copistes extrêmement minutieux des
Écritures hébraïques. Par leur rigoureux travail de fixation du texte biblique, ils assuraient la transmission fidèle du texte de la Bible hébraïque, ainsi que de ses nuances de prononciation
et de vocalisation. (Ils annotaient en marge du texte le moindre changement rencontré dans les copies. Ils ont aussi inventé un système de points-voyelles et d’accents pour aider le lecteur à
prononcer correctement les mots).
Grâce à ce travail remarquable, l’intégrité des Écritures hébraïques a été préservée à travers les générations.
L’école de Ben Asher, dans la région de Tibériade est connue pour sa célèbre
famille de Massorètes qui a réalisé un travail de copie remarquable des Écritures hébraïques avec la plus grande rigueur. On leur doit entre autres
l’inestimable Codex d’Alep écrit aux alentour de 920 ap J-C.
Le fait que certains passages soient identiques au texte Massorétique sous-entend que la tradition massorétique existait déjà au 3ème siècle.
Cela nous rappelle le commandement que Dieu avait donné aux rois israélites :
Deutéronome 17:18,19: « 18 Lorsqu'il montera sur le trône royal, il devra
écrire sur un rouleau, pour son usage, une copie de cette Loi, sous la dictée des prêtres lévites.
19 Elle ne le quittera pas; il la lira tous les jours de sa vie, pour apprendre à craindre Yahvé son Dieu en
gardant toutes les paroles de cette Loi, ainsi que ces règles pour les mettre en pratique. » - Bible de Jérusalem
Le rouleau d’En-Gedi nous prouve que le texte biblique des Écritures hébraïques copié et recopié au cours des âges nous est parvenu avec une grande fidélité et nous disposons
aujourd’hui du véritable message divin, tel qu’il a été transmis au peuple d’Israël.
Olivier
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