Les Apologies aux Romains de Justin Martyr de Naplouse – Partie 1

● Justin de Naplouse se convertit au christianisme

Justin est né vers 110 à Flavia Néapolis (« nouvelle cité de l’empereur Flavius »), actuelle Naplouse, cité fondée en 72 par les Romains à environ 2 km de la ville de Sichem et 50 km au nord de Jérusalem.  

De naissance libre, il est vraisemblablement citoyen romain et sa famille est de religion polythéiste. Il étudie la philosophie auprès de plusieurs professeurs et décide de voyager en quête de vérité. Dans le Dialogue avec Tryphon, il évoque les méandres de son cheminement et les faiblesses de ses professeurs. Il rencontre enfin un platonicien des plus éminents auprès duquel il pense « immédiatement accéder à la vision de Dieu, car tel est le but de la philosophie de Platon ». Finalement, il est impressionné par le courage des chrétiens devant la mort et en arrive au christianisme.

Il séjourne plusieurs fois à Rome dans les années 140 et 150. Il est dénoncé comme chrétien, probablement par un collègue philosophe jaloux, et meurt en martyr vers 165 par décapitation pour avoir refusé de participer au culte des idoles.
Auparavant, il a eu le temps d’écrire un certain nombre d’ouvrages dont plusieurs apologies qui nous sont parvenues.

Justin de Naplouse est vénéré comme saint par les Eglises catholique, orthodoxe, orientale et luthérienne.



● Les Apologies

Les Apologies ont pour objectif la défense des chrétiens et de leurs croyances souvent face à de terribles calomnies utilisées pour justifier la persécution. Trois apologies de Justin de Naplouse nous sont parvenues, deux sont adressées aux Romains (dont l’empereur Antonin), une autre s’adresse aux Juifs (Dialogue avec Tryphon).


►La Grande Apologie

L’Apologie principale, appelée Grande Apologie, est adressée à Antonin le Pieux, à son fils, au Sénat et au peuple romain. Justin plaide la cause des chrétiens persécutés auxquels il s’identifie. Il demande à l’empereur l’ouverture d’une enquête judiciaire sèrieuse sur la vie et les croyances des chrétiens afin de faire cesser les persécutions injustes basées uniquement sur l’ignorance et les bruits calomnieux.
En effet, depuis l’époque de Trajan, le simple nom de chrétien pouvait conduire à la mort, et Justin ne manque pas de le rappeler.
Justin insiste sur l’importance de rester attaché à la vérité et de ne pas se soumettre à des préjugés.
Il va présenter les doctrines fondamentales du christianisme mais aussi les pratiques afin de réfuter les fausses accusations des païens.

I. À l’empereur Titus Aelius Hadrianus Antoninus Pius, Auguste César, et à Verissimus, son fils, Philosophe, et à Lucius, Philosophe, fils de César par la nature et de Pius par adoption, ami de la science, et au sacré Sénat et à tout le Peuple romain… - Première ou Grande Apologie de Justin de Naplouse.

►La Deuxième Apologie

Dans une deuxième apologie plus petite, adressée au Sénat romain, Justin reprend, de manière plus condensée, les éléments développés dans la première.


►Le Dialogue avec Tryphon

Tryphon est un rabbin. La discussion se concentre principalement autour du Christ dont la venue était clairement annoncée par de très nombreuses prophéties de l’Ancien Testament.


● Des accusations injustifiées

Accusés seulement parce que ce sont des chrétiens :

« Un certain Lucius, lui aussi chrétien, témoin de ce jugement injuste, dit à Urbicus : 16. « Eh quoi ! Voilà un homme qui n'est ni adultère, ni débauché, ni homicide, ni voleur, ni ravisseur, qu'on ne peut en un mot convaincre d'aucun crime ; il avoue seulement s'appeler chrétien, et vous le condamnez ? » - Deuxième apologie – II

« Le nom de philosophe ne convient pas à un homme qui nous accuse en public, alors qu'il ne nous connaît pas, qui traite les chrétiens d'athées et d'impies, pour plaire à une multitude égarée. 3. S'il nous poursuit, sans avoir lu les enseignements du Christ, c'est un infâme ; il est moins excusable que les ignorants : eux du moins souvent se gardent de juger et de calomnier ce qu'ils ne connaissent pas. » - Deuxième apologie – III

« la crainte de ceux qui l'écoutent l'empêche de parler, il montre par là qu'il n'est pas ami de la sagesse, mais ami de l'opinion : il méprise la belle maxime de Socrate : La vérité doit passer avant l'homme (Platon, République , X, 595 C).»- Deuxième apologie – III

« Devant les juges, nous ne nions pas, parce que nous avons conscience de n'être pas coupables ; nous regardons comme une impiété de ne pas dire en tout la vérité ; car c'est là ce qui plaît à Dieu : nous désirons aussi vous délivrer de vos injustes préjugés. » - Deuxième apologie –  IV

« 4. Ils ont condamné à mort plusieurs des nôtres, sur ces calomnies répandues contre nous ; ils ont mis à la question nos serviteurs, des enfants, de faibles femmes, et par des tortures effroyables, ils les ont forcés à nous imputer ces crimes fameux, qu'ils commettent eux-mêmes ouvertement. » - Deuxième Apologie - XII


● Justin insiste sur l’importance de la Vérité

Justin demande à Antonin de ne se baser que sur la vérité pour juger les chrétiens.

« La raison veut que ceux qui sont vraiment pieux et sages estiment et aiment exclusivement la vérité et refusent de suivre les opinions des anciens, quand elles sont mauvaises. » - Grande Apologie II

«(…)  nous venons vous demander de nous juger selon l’équité et après mûr examen. N’allez pas, obéissant à des préjugés, au désir de plaire à la superstition, à un mouvement irraisonné, à de perfides rumeurs que le temps a fortifiées, vous condamner vous-mêmes. »- Grande Apologie II

Justice et vérité - piqsels. com

III. (…) nous demandons qu’on examine les accusations portées contre nous. Si elles sont reconnues fondées, qu’on nous punisse, comme il est juste. Si l’on n’a rien à nous reprocher, est-il équitable, sur des bruits calomnieux, de condamner des innocents (…)» - Grande Apologie III

« Il faut dire la vérité. » - Grande Apologie V

« Remarquez que c’est dans votre intérêt que nous parlons ainsi ; car nous pourrions nier quand nous sommes interrogés. Mais nous ne voulons pas acheter la vie au prix d’un mensonge. » - Grande Apologie VIII

« Mais les princes eux-mêmes, quand ils sacrifient la vérité à l’opinion, ne sont pas plus forts que des brigands dans un désert. » - Grande Apologie XII

« Nous pourrions nous en tenir là sans rien ajouter, persuadés que nous avons pour nous la justice et la vérité. Mais nous savons qu’il n’est pas facile de changer en peu de mots un esprit possédé par l’ignorance. Aussi pour convaincre les amis de la vérité, voulons-nous ajouter quelques mots. Peut-être qu’à la lumière de la vérité l’erreur se dissipera. » - Grande Apologie XII

« À vous, en vertu de votre puissance et de votre autorité impériale, de juger si les enseignements que nous avons reçus et que nous transmettons sont conformes à la vérité. » - Grande Apologie XIV

« Tous ces témoignages peuvent certainement produire une foi et une conviction raisonnable chez ceux qui aiment la vérité, et qui ne sont pas esclaves de l’opinion ou de leurs passions. » - Grande Apologie LIII

« Nous supplions donc avec vous le sacré sénat et votre peuple de prendre connaissance de notre requête, afin que si quelqu’un est attaché à ces fausses doctrines, il puisse reconnaître la vérité et échapper à l’erreur.» - Grande Apologie LVI

LXVIII. « S’il vous semble qu’elle (cette doctrine) soit conforme à la raison et à la vérité, prenez-la en considération. » - Grande Apologie LXVIII

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● Conclusion de la première partie

Justin de Naplouse est un chrétien sincère attaché à la justice et à la vérité. Pour défendre les chrétiens persécutés sans raison, il rédige 2 apologies aux Romains en mettant l'accent sur l'importance de la vérité.
Nous ne pouvons qu'être d'accord avec ces principes de base. Les bruits calomnieux, les rumeurs, les fausses accusations, les préjugés, les superstitions, les mensonges ont été responsables de la mort de nombreux chrétiens fidèles souvent dans des conditions de souffrances indescriptibles !

Olivier