Athénagore d’Athènes
Athénagore d’Athènes (v133
- 190) est un philosophe athénien chrétien qui adresse à Marc
Aurèle et
à son fils, Commode,
une apologie en 30 chapitres intitulée « Supplique au sujet des
chrétiens ».
Il fait appel à leur amour de la vérité et leur demande le droit pour les chrétiens d’être jugés avec impartialité en se référant uniquement aux faits et de ne plus être mis à mort pour la
seule raison qu’ils portent le nom de chrétiens.
Les terribles calomnies qui circulent à leur égard vont jusqu’à les accuser d’athéisme, d’anthropophagie et d’inceste.
Athénagore expose les croyances et les pratiques chrétiennes qui réfutent de manière incontestable ces calomnies.
Tout au long de son apologie, il fait référence à de très nombreux dieux appartenant à diverses croyances polythéistes et à de nombreuses déclarations de philosophes, preuves de son érudition
et de sa culture.
Il a aussi rédigé « Sur la résurrection des
morts ».
Wikisource – Apologie des chrétiens
Wikisource – De la résurrection des morts
● Athénagore demande la même justice pour les chrétiens
► « Nous
vous supplions de jeter aussi sur nous un regard de bienveillance, afin d’arrêter le glaive de la calomnie et qu’il cesse de nous immoler.
C’est peu que l’injustice nous dépouille, que l’ignominie nous flétrisse ; que la haine nous ravisse les plus précieux avantages : il est vrai que nous méprisons tous ces biens que les
mortels recherchent avec tant d’ardeur ; nous les méprisons, nous qui avons appris non-seulement à ne pas rendre le mal pour le mal, à ne pas appeler en justice l’ennemi qui nous attaque et
nous dépouille, mais à présenter l’autre joue à ceux qui nous donnent un soufflet, à céder notre manteau à celui qui nous enlève notre tunique. Mais, après nous avoir ravi nos biens, on en
veut à notre vie, on nous accuse d’une multitude de crimes dont on ne saurait même nous soupçonner et que nous pourrions plus justement reprocher à nos calomniateurs et à ceux qui leur
ressemblent. »
- (Apologie I).
►Depuis
Trajan, les chrétiens se font persécuter juste parce qu’ils portent le nom de chrétiens. En effet,
les juges ne s’informent pas
si un
chrétien est réellement
coupable des faits qu’on l’accuse.
Athénagore déclare : «
Ce droit, qui est le droit de tous, nous le réclamons aussi pour nous, nous demandons qu’on ne nous haïsse et qu’on ne nous punisse point à cause du nom que nous portons ; car en quoi ce nom
est-il un crime ? Qu’on nous juge sur un fait coupable en soi-même : s’il est faussement avancé, qu’on nous acquitte ; s’il est prouvé, qu’on nous condamne ; en un mot, que le jugement porte
non pas sur un nom, mais sur un crime; il n’est de criminel parmi nous que celui qui prend notre nom sans professer notre doctrine.» -
(Apologie II)
L’apologète demande aux empereurs M. Aurèle et Commode à pouvoir être entendu en toute impartialité, sans se laisser influencer pas des bruits populaires et absurdes, et d’accorder à l’examen
de la cause des chrétiens cet amour de la vérité et de la science dont ils font profession. – (Ap II)
Justice et Vérité
►Les
chrétiens sont accusés d’athéisme, d’anthropophagie et d’inceste.
« III.
On nous accuse de trois crimes : d’être des athées, de nous nourrir de chair humaine comme Thyeste, d’être incestueux comme Œdipe. Si ces crimes sont prouvés, n’épargnez ni l’âge, ni le sexe
; punissez-nous par tous les genres de supplices ; exterminez-nous sans pitié, nous, nos femmes et nos enfants, si quelqu’un de nous vit à la manière des brutes. »
► «
Mais puisque nous reconnaissons un Dieu unique et incréé (car ce qui est ne commence pas, mais bien ce qui n’est point), un Dieu qui a tout fait par son Verbe, il est absurde de nous
calomnier et de nous persécuter.
V. Vous ne regardez pas comme des athées les poètes et les philosophes qui se sont occupés de Dieu. »
- (Ap IV, V)
Athénagore cite Platon et Aristote qui croyaient en un Dieu unique incréé, à l’origine de l’univers. - (Ap VI)
Athénagore considère que la terre est sphérique.
« Car
si le monde, puisqu’il est rond, se compose de sphères célestes » (Ap
VIII).
► La
connaissance de Dieu a été aussi transmise par l’intermédiaire de prophètes comparés
à une lyre qui produit du son sous les doigts du musicien.
« Vous êtes trop instruits pour ignorer que nous avons eu un grand nombre de prophètes, tels que Moïse, Isaïe, Jérémie, qui, ravis, hors d’eux-mêmes, obéissaient au mouvement de l’Esprit
saint et répétaient ses inspirations ; car il se servait d’eux comme le musicien se sert d’une lyre, d’où il tire les sons qu’il lui plaît. Que disent-ils ? « Le Seigneur est notre Dieu ; nul
autre ne lui sera comparé. » Et puis : « Moi le Seigneur, je suis le premier et le dernier, et hors de moi il n’y a point de Dieu. Avant moi il n’y a point de Dieu, il n’y en aura point après
moi. Je suis Dieu, et il n’en est point d’autres que moi. » Et, parlant de sa grandeur, il s’écrie : « Le ciel est mon trône, la terre mon marche-pied. Quelle maison me bâtirez-vous, quel est
le lieu de mon repos ? »
Mais je vous laisse à vous-mêmes le soin d’ouvrir ces livres sacrés, et d’étudier les divins oracles qu’ils renferment, afin que vous puissiez repousser comme il convient les calomnies dont
on nous charge. »
(Ap IX)
Athénagore fait référence aux livres sacrés,
ce qui donne du poids à ses déclarations.
Nous constatons que, dans les versets cités ici par Athénagore d’Athènes (probablement Esaïe 43 :10, 11 ; 44 :6 ; 45 :5),
le Nom divin semble avoir disparu, sauf s’il prononce Seigneur à chaque fois qu’il croise le Tétragramme ainsi que le font les Juifs.
● Athénagore est "trinitaire"
► Athénagore
d’Athènes croit en une sorte de fusion entre Dieu et son Fils, tout comme Théophile
d’Antioche.
« Mais le fils de Dieu est le Verbe, la pensée et la vertu du Père ; car tout a été fait par lui et avec lui, puisque le Père et le Fils ne sont qu’un. Or, comme le Père est dans le Fils, et
le Fils dans le Père, par l’unité et la vertu de l’esprit, il s’ensuit que le Fils de Dieu est la pensée et le Verbe du Père. S’il vous plaît de rechercher, avec la haute intelligence qui
vous distingue, ce que c’est que le Fils, je dirai en peu de mots qu’il est la première production du Père, non point qu’il ait été fait comme les créatures (car de toute éternité Dieu avait
en lui-même son Verbe, puisque sa raison est de toute éternité) ; mais il est sorti du Père, pour être la forme et le principe de toutes les choses matérielles, qui étaient confuses et
mêlées, les plus subtiles avec les plus grossières, dans un affreux chaos. C’est l’Esprit saint qui nous l’apprend : « Le Seigneur, dit-il, m’a possédé au commencement de ses voies ; avant
ses œuvres j’étais. » Et cet Esprit saint lui-même, qui agit dans les prophètes, nous disons qu’il émane de Dieu et qu’il retourne à Dieu, comme le rayon du soleil retourne au soleil. Qui ne
s’étonnera qu’on traite d’athées les Chrétiens qui disent qu’il y a un Dieu père, un Dieu fils, un Saint-Esprit, unis en puissance et distingués en ordre?» -
(Ap X)
● Les démons dirigent le monde
Tout comme Justin de Naplouse et
ainsi que l’enseigne le livre d’Enoch,
Athénagore croit que les âmes des géants sont restées sur la terre et y répandent le mal. Il croit donc à l’immortalité de l’âme.
« Les hommes jouissent du libre arbitre pour embrasser le vice ou la. Il en fut de même des anges : les uns usèrent bien de leur liberté, ils ne s’écartèrent point des devoirs qui leur
avaient été prescrits et pour lesquels ils avaient été créés ; d’autres, au contraire, abusèrent de cette même liberté qui tenait à leur nature, et de l’emploi que Dieu leur avait confié.
Tels furent Satan, préposé à tout le monde matériel, et ceux des anges qui devaient l’aider dans cet emploi : ces anges prévaricateurs, vaincus par l’attrait de la chair, conçurent de l’amour
pour les femmes, tandis que leur chef se montra négligent et pervers dans l’administration qui lui était confiée. De ces amours des anges pour les femmes naquirent les géants dont les poètes
ont aussi parlé ; mais ne vous en étonnez pas, puisque la sagesse divine diffère autant de la sagesse du monde que la vérité diffère de la simple probabilité. Ainsi s’exprime le prince de la
matière, parlant de lui-même :
« Nous avons l’art de mentir, et toujours d’une manière très-vraisemblable. »
Écoute le grand Enseignant p. 57-58 JW
XXV. Ces anges qui, tombés du Ciel, sont répandus autour de l’air et de la terre, sans pouvoir désormais s’élever jusqu’au Ciel, de concert avec les âmes des géants, démons errants autour du
monde, excitent, les uns, c’est-à-dire les démons, des mouvements conformes à leur nature et à leur constitution ; les autres, c’est-à-dire les anges, les mêmes passions qu’ils éprouvèrent.
Pour le prince du monde matériel, comme l’expérience le prouve, il exerce un empire qui s’oppose à la bonté de Dieu. » -
(Ap XXIV et XXV)
● L’immortalité de l’âme
La conception de l’âme d’Athénagore n’est pas facile à saisir :
« XXVII. Dès lors que faut-il penser des effets attribués aux statues ? L’âme, transportée hors d’elle-même par je ne sais quels mouvements fantastiques, se crée des images qui viennent en
partie des objets sensibles et en partie d’elle-même. Elle est surtout la dupe de ces folles imaginations lorsqu’elle s’unit et s’identifie, pour ainsi dire, avec le prince de la matière ;
elle oublie les choses célestes et leur auteur pour s’arrêter aux choses d’en bas, et devient chair et sang, au lieu de rester ce qu’elle est, un pur esprit. Ces mouvements fantastiques et
désordonnés, une fois imprimés à l’âme, enfantent des visions qui ressemblent à toutes ces folies qu’on nous débite sur les statues.
Et lorsqu’une âme tendre et flexible, sans expérience, privée de l’aliment d’une doctrine forte, et dès lors inhabile à contempler la vérité, le Dieu père et créateur de toutes choses, est
une fois imbue de fausses opinions, que fait le démon qui règne sur le monde matériel, qui aime l’odeur et le sang des victimes, et séduit les hommes à la faveur de ces mouvements dont
l’impression égare l’esprit du vulgaire ? il le subjugue au point de lui faire croire que ces visions viennent des statues et des simulacres ; et si l’âme par elle-même, puisqu’elle est
immortelle, fait des actes raisonnables, soit en prédisant l’avenir, soit en opérant quelques guérisons, le démon revendique cette gloire. » -
(Ap XXVII)
Qui est le prince de la matière ? Satan ?
Athénagore considère-t-il le monde matériel comme mauvais ?
● La récompense du chrétien fidèle
« Nous ne craignons rien sur la terre, pas même la mort, persuadés que nous sommes que rien ne peut être comparé aux biens que nous recevrons dans le Ciel, des mains du souverain juge, en
récompense d’une vie toute de sagesse, de vertu, et employée à faire le bien. » -
(XII)
Athénagore croit en la résurrection des corps, tout
comme Théophile d’Antioche :
« Il peut recomposer nos corps, et la preuve c’est qu’il a pu les créer. Quand il s’est agi de donner à nos corps leur constitution première ou d’en créer les parties élémentaires, il a
trouvé le néant docile à sa voix ; lui sera-t-il plus difficile de se faire obéir, quand il commandera à ces corps de se ranimer après leur dissolution, de quelque manière qu’elle ait eu lieu
? » -
(De la résurrection III)
« En
effet, si la nature de l’homme se compose d’une âme immortelle et d’un corps qui lui fut uni lors de la création ; si l’être et la vie n’ont été départis séparément, ni à la nature de l’âme,
ni à celle du corps, mais bien à l’homme, qui réunit ces deux natures, et qui doit avec elles, non-seulement fournir sa carrière ici-bas, mais encore arriver à la fin qui lui est destinée, ne
faut-il pas que l’âme et le corps ne forment qu’un seul être où se réunit tout ce qu’éprouve l’âme et le corps, qui raisonne, reçoit des sensations ? » - (De
la résurrection XV)
« Or, c’est en l’homme et non point en l’âme seulement que résident le jugement et la raison. Il faudra donc que l’homme, ce composé d’âme et de corps, subsiste toujours, et il ne peut
subsister toujours s’il ne ressuscite. »
- (De la résurrection XV)
« L’homme, par son âme, est bien immortel depuis la création ; mais par le corps, ce n’est qu’à la faveur de divers changements qu’il peut parvenir à l’incorruptibilité, et voilà la grande
raison de cette résurrection dont nous parlons : sans la perdre de vue, nous attendons la dissolution du corps, laquelle doit suivre cette vie d’infirmités et de misères, bien persuadés
qu’après viendra le jour qui fera éclore une vie nouvelle exempte de corruption. »
- (De la résurrection XVI)
« Concluons
que les corps, qui ont payé le tribut à la nature et qui sont détruits, doivent ressusciter et que les mêmes hommes doivent reparaître ; je dis les mêmes hommes qui ont vécu, car ce n’est pas
à l’homme en général que Dieu a fixé une fin particulière, mais c’est à ces mêmes hommes que la terre a portés. Or, pour faire les mêmes hommes, il faut que les mêmes âmes rentrent dans les
mêmes corps ; et ce retour des mêmes âmes dans les mêmes corps ne peut se faire que par la résurrection ; c’est seulement dans ce retour que je vois une fin convenable à l’homme. Sa fin
consiste dans la jouissance parfaite et constante de ce qui convient à une nature douée de raison et de sagesse ; elle consiste à goûter sans interruption le bonheur dont nous avons déjà un
léger écoulement dès cette vie ; à contempler celui qui est, et à le glorifier sans fin. »
- (De la résurrection XXV)
● Les supplices éternels
En réponse aux accusations d’inceste et de cannibalisme, Athénagore explique que les chrétiens craignent trop la condamnation éternelle de Dieu pour
s’adonner à un quelconque vice dans cette courte vie présente. D’ailleurs Dieu voit absolument tout, même ce qui est caché au plus profond de notre cœur.
« Si
nous ne connaissions pas d’autre vie que celle-ci, on pourrait nous soupçonner d’être esclaves de la chair et du sang, et de nous abandonner à l’avarice et à la volupté ; mais quand nous
sommes persuadés que nuit et jour Dieu est présent à toutes nos actions, qu’il connaît nos pensées et nos paroles, et qu’il voit même ce qu’il y a de plus caché dans nos cœurs ; qu’il est
tout lumière ; quand nous sommes persuadés qu’après cette vie mortelle nous aurons une vie meilleure, une vie toute céleste (puisque nos âmes seront en Dieu et avec Dieu dans le Ciel,
qu’elles ne seront plus sujettes au changement ni à la souffrance, ni dominées par la chair, bien qu’elles doivent être réunies à leur corps, et qu’elles auront tous les avantages des esprits
célestes) ; ou bien que si nous nous laissons entraîner par l’exemple des méchants, cette autre vie sera plus malheureuse que cette vie présente, puisque nous serons précipités dans des
flammes éternelles, est-il vraisemblable qu’avec de semblables croyances nous préférions faire le mal et tomber entre les mains redoutables du souverain juge ? »
fire-Ambady Sasi de Pixabay
Il ajoute que si leurs ennemis leur imputent des crimes attribués à leurs dieux, ils auraient d’abord dû montrer leur aversion pour Jupiter qui
a eu des enfants de Rhéa, sa mère, et de sa fille Proserpine et qui a épousé sa propre sœur.
Ce genre de comportement est impensable de la part des chrétiens à qui il n’est même pas permis de regarder une femme avec un mauvais désir !
● Le but du mariage est la procréation
Athénagore d’Athènes nous apprend que pour les chrétiens d’alors (en tout cas de son entourage) le seul objectif des relations sexuelles au sein du mariage est d’avoir des enfants.
Ils encouragent la virginité pour
se consacrer à Dieu. De ce fait, comment pourrait-on les accuser d’inceste ?
« XXXIII. Ainsi, mettant toute notre espérance dans la vie éternelle, nous méprisons toutes les choses de ce monde et jusqu’aux plaisirs de l’esprit ; nous n’épousons des femmes selon vos
lois que dans la vue d’avoir des enfants ; de même que le laboureur, après avoir confié la semence à la terre, attend la moisson sans en répandre une nouvelle ; ainsi la procréation des
enfants est la mesure de nos plaisirs ; vous trouverez même parmi nous grand nombre d’hommes et de femmes qui vieillissent dans le célibat, pour rester plus étroitement unis à
Dieu.» -
(Ap XXXIII)
L’apologète ajoute : « Si
donc nous pensons que la virginité et l’état du célibat nous rapprochent davantage de Dieu, et que la volupté et la pensée même du mal nous en éloignent, à combien plus forte raison ne
devons-nous pas détester des actions dont l’idée seule nous fait horreur. » -
(Ap XXXIII)
● La foi et les œuvres
La Foi et les Œuvres sont indissociables :
« car la vie des Chrétiens ne se renferme pas dans de simples méditations de la parole divine, elle se manifeste par la pratique et l’exemple » -
(Ap XXXIII)
● Spectacles sanglants et avortements
►Les
chrétiens n’assistent pas à l’exécution des criminels,
ils fuient les spectacles sanglants de gladiateurs et de mises à mort en public. Ils ne veulent en aucun cas prendre part à cette barbarie.
Egalement, ils considèrent l’avortement comme un meurtre passible d’un jugement divin sévère.
De ce fait, comment pourrait-on les accuser d’anthropophagie ?
Bas Les Pouces de Jean-Léon Gérôme, 1872 - wikipedia
« Comment,
en effet, pourrait-on accuser de tuer et de manger des hommes ceux qui ne se permettent pas même, comme on le sait, d’assister aux exécutions des criminels ? Qui de vos sujets n’est avide des
spectacles de gladiateurs et de bêtes féroces, surtout si c’est vous-mêmes qui les donnez ? Pour nous, persuadés qu’il y a peu de différence entre regarder avec plaisir un meurtre et le
commettre, nous fuyons avec horreur ces spectacles. Comment donc pourrions-nous tremper nos mains dans le sang, nous qui croyons ne devoir pas même assister à un meurtre, de peur que le crime
et l’expiation de ce crime ne retombent sur nous ? Comment pourrions-nous égorger un homme, nous qui traitons d’homicides les femmes qui se font avorter, persuadés comme nous le sommes
qu’elles seront sévèrement punies au jugement de Dieu ? »
- (Ap XXXV)
►Egalement,
croyant en la résurrection,
comment un chrétien pourrait-il manger un cadavre, sachant que la personne va revivre ?
● Prière aux dirigeants
Les phrases de conclusion de l’apologète sont les suivantes :
«
Quels hommes méritent plus d’être exaucés que ceux qui ne cessent de demander à Dieu que votre couronne passe du père au fils, ainsi que la justice l’exige, que votre empire
s’affermisse, s’étende de jour en jour, que tout reconnaisse vos lois ! Nous sommes les premiers intéressés à votre bonheur, puisqu’il nous permettra de couler nos jours au sein de la paix et
de voler sans obstacle à l’accomplissement de tous vos ordres. »
- (Ap XXXVII)
● Conclusion
Athénagore d’Athènes a su utiliser son art oratoire propre aux philosophes pour défendre la cause des chrétiens en demandant aux empereurs de les juger de manière impartiale.
Il a exposé leurs principales croyances et façons de vivre qui s’opposent avec force aux accusations d’athéisme, d’inceste et d’anthropophagie portées contre eux. En effet,
leurs écrits sacrés et
les révélations des prophètes leur ont enseigné à croire en un Dieu unique (en réalité un Dieu trinitaire). Par ailleurs leur aversion pour la violence et les spectacles sanglants,
leur condamnation de l’avortement, leur
croyance en la résurrection ne permet pas d’imaginer qu’ils puissent manger des hommes !
Egalement, encouragés au célibat,
à ne même pas regarder une femme au point de ressentir un quelconque désir, à ne réserver les relations sexuelles au sein du mariage qu’à la procréation,
comment pourraient-ils être incestueux ?
Enfin, sachant que Dieu voit tout, même ce qui est caché au fond des cœurs, et que la menace d’une condamnation aux supplices éternels attend
ceux qui désobéissent, les chrétiens n’ont même pas besoin de lois humaines pour mener une vie de moralité élevée.
Athénagore d’Athènes croit en l’immortalité de l’âme et à la résurrection des
corps, les
deux parties devant s’associer pour reformer la nature de l’homme.
On peut se demander comment ce corps complètement inadapté à une vie céleste va pouvoir vivre aux côtés des esprits.
Tout comme Justin de Naplouse, et ainsi que l’enseigne le livre d’Enoch, Athénagore croit que les esprits des géants hybrides sont
restés sur la terre et répandent le mal, en compagnie des anges tombés du ciel (leur père).
Pour finir, je pense que cette apologie aurait pu être raccourcie de moitié (au moins) car une grande partie est consacrée à la description de nombreux dieux, ce qui a sans doute réjoui les
historiens intéressés par la mythologie, mais qui à mon sens, éloigne la partie la plus importante vers la fin, dans les chapitres XXXIII à XXXVII.
Olivier
Écrire commentaire