La Didachè ou doctrine des 12 apôtres


 

La Didachè est un petit livre qui a été écrit en langue grecque, sans doute en Syrie, vers la fin du premier siècle ou au début du deuxième siècle ; les historiens situent sa rédaction entre 70 et 150.
Le mot grec Didachè ou Didakhè signifie « Enseignement » ou « Doctrine ».
Pendant un temps la Didachè était lue dans les églises, avec les épîtres. Les Pères de l’Eglise (Irénée, Clément d’Alexandrie, Athanase, Origène…) l’ont citée ainsi que Eusèbe, l’auteur de l’Histoire ecclésiastique.
Puis elle a soudainement disparu pour ne réapparaître que en 1873 dans la bibliothèque du Saint-Sépulcre à Jérusalem, avec comme titre « Enseignement des douze apôtres » sans doute ajouté par un copiste car le manuscrit ne fait jamais référence aux 12 apôtres.

Didachè 3 :6: « Mais sois doux puisque les doux recevront la terre en héritage ». Il s’agit là d’un rappel des paroles de Jésus : « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre! »

Poxy 1782 - Di sconosciuto

 


Le chemin de la vie et celui de la mort

La Didachè commence par parler de 
l’existence de 2 chemins :
Didachè 1 :1 : « Il y a deux chemins : celui de la vie et celui de la mort ; mais il y a une grande différence entre ces deux chemins. »
Les 4 premiers chapitres dressent une liste de choses que doit faire ou ne pas faire le chrétien soucieux de faire la volonté de Dieu.
Le chemin de la vie consiste à aimer Dieu le Créateur, son prochain comme soi-même, à ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, prier pour ses ennemis, aimer ceux qui nous haïssent, s’abstenir des passions charnelles et mondaines, présenter l’autre joue, donner sans redemander…

Le dernier verset du chapitre rappelle une citation intéressante :
Didachè 1 :12 : « Mais à ce sujet aussi il a été dit « Que ton aumône transpire dans tes mains jusqu’à ce que tu saches à qui tu donnes ».

Les chapitres 2 à 4 poursuivent avec une liste de choses à ne pas faire : meurtre, adultère, vol, magie, avortement, infanticide, convoitise, impudicité, parjure, faux témoignage, médisance, rancune, duplicité, cupidité, mensonge, haine, hypocrisie, orgueil, colère, jalousie, propos obscènes, augure, astrologie, idolâtrie, murmures, présomption.
Puis encouragent à être doux, longanime, miséricordieux, paisible, bon, humble, généreux…

Le chapitre 5 est consacré à la description du chemin de la mort plein de malédiction et finit en disant «
 Enfants, fuyez tous ces gens-là ».

On peut remarquer le commandement « Tu ne souilleras point les enfants » qui est sans doute lié à la pédophilie.

On peut remarquer que la règle d’or de Jésus va, de manière positive, plus loin que la Didachè :
Didachè 1 :2b : « Et tout ce tu ne voudrais pas qu’on te fit, ne le fait pas non plus à autrui. »
Matthieu 7 : 12 : « Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est ce qu'enseignent la loi et les prophètes. »  

Dans le verset 1 :8 de la Didachè, on peut se demander si l’auteur encourage à accepter le vol ?
Didachè 1 :8 : « Si quelqu’un t’enlève ton manteau, donne-lui aussi la tunique. Si quelqu’un te prend ce qui est à toi, ne le redemande pas, car tu ne le peux. »

Le verset 3 :6 rappelle des paroles de Jésus :
Didachè 3 :6: « Mais sois doux puisque les doux recevront la terre en héritage ». Il s’agit là d’un rappel des paroles de Jésus : « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre! » -Mat 5 :5.

Le verset 3 :3a rappelle des paroles du Siracide :
Didachè 4 :3a : « N’aie pas les mains tendues pour recevoir et fermées pour donner ». Ce proverbe tout à fait intéressant est sans doute inspiré du siracide.
Siracide 4 :31 : « Que ta main ne soit pas étendue pour recevoir et retirée en arrière pour donner ».

Le verset 4 :3b est peut-être l’ancêtre des ventes d’indulgences
Didachè 4 :3b : «Si tu as les moyens, tu donneras de tes mains le rachat de tes péchés. »
Ce verset semble sous-entendre que l’on peut obtenir le pardon pour nos péchés grâce à nos dons…
On peut rapprocher ce verset d’un texte du Talmud :
Talmud de Babylone (Baba-Bathra 10a): « C’est une grande chose que l’aumône, car elle rachète les péchés et délivre de la mort. R. Meir dit : ‘Si quelqu’un t’objecte : Pourquoi si votre Dieu aime les pauvres ne les nourrit-il pas ? réponds : Pour que nous puissions par leur moyen nous délivrer de la géhenne ».
On peut aussi le rapprocher d’un verset du livre de Tobie :
Tobie 12:9: «L’aumône délivre de la mort et elle purifie de tout péché. »


Le baptême

La Didachè explique qu’en l’absence d’eau vive, il est possible de baptiser dans une autre eau, froide ou chaude. En l’absence d’eau en quantité suffisante, il suffit de 
verser 3 fois de l’eau sur la tête. Celui qui est baptisé et celui qui administre le baptême doivent jeûner un ou deux jours avant.

Nous nous éloignons là du modèle de Jésus et des apôtres qui pratiquaient le baptême par immersion.
Jésus nous a donné l’exemple : il a été baptisé à l’âge adulte, dans le Jourdain et par immersion, en Jean 3 :16, il est dit que Jésus sortit hors de l’eau ou remonta de l’eau.
Jean 3 :16 : « Jésus aussitôt remonta de l'eau » Jérusalem

Actes 8 : 38, 39 : « 38 Il fit arrêter le char. Philippe et l'eunuque descendirent tous les deux dans l'eau et Philippe baptisa l'eunuque. 39 Quand ils furent sortis de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe et l'eunuque ne le vit plus. Il poursuivit sa route tout joyeux.»

A aucun moment il n’est parlé, dans le Nouveau Testament, de jeûne imposé à cette occasion.


La prière

Au chapitre 8, l’auteur reprend la prière modèle du Notre Père de Jésus et termine en disant : 
«Priez ainsi 3 fois par jour » Didachè 8 :4.

Jésus a-t-il jamais imposé un nombre précis de prières dans la journée ainsi que l’exigent certaines religions ? Non. Les prières doivent être sincères et spontanées, elles ne sont pas limitées en nombre.


L’Eucharistie

Didachè 9 :1 : « Quant à l’Eucharistie, faites ainsi vos actions de grâces. D’abord pour la coupe : »
Contrairement au modèle laissé par Jésus, il est demandé de faire d’abord passer le vin et ensuite le pain.

Dans la Didachè, il n’y a aucune trace de l’idée de transsubstantiation qui apparaît pour la première fois chez Justin Martyr aux environs de l’an 150.

Par contre, on peut noter que l’auteur de la Didachè n’était pas quartodéciman (célébration du repas du Seigneur une fois par an, le 14 Nisan). En effet, l’eucharistie devait être célébrée 
chaque dimanche et être précédée de la confession publique des péchés (Di XIV : 1-3).
Jésus a, lui, célébré la première Pâque
 le 14 Nisan déjà célébré prophétiquement depuis 1500 ans par les Juifs, n’a pas demandé de confession publique à ses apôtres présents à ce moment-là et a d’abord fait passer le pain avant le vin.

Il est étonnant de constater que l’auteur ne parle pas de purification des péchés par le baptême mais considère que la confession publique produit la purification (Di XIV :1).


La Didachè et la Trinité :

Didachè 9 : 3 : « Pour la fraction du pain : Nous Te rendons grâces, notre Père, pour la vie et la connaissance que Tu nous as fait connaître par Jésus Ton Enfant. »

Didachè 10 :2 : « Tu as daigné accorder une nourriture et un breuvage spirituels et la vie éternelle par Ton Enfant. »

Dans la Didachè, l'auteur emploie l'expression "Ton enfant", ce qui va dans le sens de la soumission de Jésus à son Père. L’auteur de la Didachè est tout prêt des rédacteurs des Évangiles.


Ceux qui profitent de leurs compagnons chrétiens

Didachè 11 :2 : « Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur ; mais il ne restera qu’un jour, deux s’il est besoin ; s’il reste trois jours, c’est un faux prophète. En partant, que l’apôtre ne prenne rien sinon la pain suffisant pour atteindre l’endroit où il passera la nuit ; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète ».

La Didachè met en garde contre les abus de ceux qui 
profitent de l’hospitalité et de la fraternité chrétienne et qui cherchent à s’enrichir.

Didachè 11 :4 : « C’est donc aux mœurs que l’on reconnaîtra le faux prophète et le vrai. »

Didachè 11 :7 : « Mais si quelqu’un vous dit, parlant en esprit : Donne-moi de l’argent ou autre chose, ne l’écoutez pas. Mais si c’est pour d’autres personnes qui sont dans l’indigence qu’il a dit de donner, que personne ne le juge ».

Didachè 12 : 2-4 : « 2 Si l’arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez ; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours s’il y a nécessité. 3 S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange, s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire. 4 mais s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ ; tenez-vous en garde contre de tels gens ».

Ce principe rejoint les paroles de l’apôtre Paul :
2 Thessaloniciens 3 :10 : « si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. »

L’auteur de la Didachè se montre très prudent à l’égard des itinérants car, parmi eux, peuvent facilement se glisser des « trafiquants du Christ », c’est-à-dire des gens qui tirent un profit personnel de leur prédication et également des propagateurs de fausses doctrines. Ces itinérants seront reçus « comme le Seigneur » mais ils ne seront nourris qu’un jour, deux jours au plus et ils ne pourront emporter à leur départ que des vivres pour une seule journée.
Ces recommandations prudentes montrent que l’inspiration avait perdu l’autorité indiscutable des premiers temps du christianisme.


Le retour du Christ

Le chapitre 16 est consacré au retour du Christ.
16. « Veillez » sur votre vie ; ne laissez ni « s'éteindre vos lampes » ni se détendre « la ceinture de vos reins » ; mais « soyez prêts car vous ignorez l'heure où notre Seigneur viendra ». Assemblez-vous fréquemment pour rechercher ce qui intéresse vos âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien, si au dernier moment vous n'êtes devenus parfaits. Car aux derniers jours on verra se multiplier les faux prophètes et les corrupteurs, les brebis se changer en loups et l'amour en haine. Avec les progrès de l'iniquité, les hommes se haïront, se poursuivront, se trahiront les uns les autres ; et alors paraîtra le Séducteur du monde, se donnant pour Fils de Dieu ; il fera « des signes et des prodiges », la terre sera livrée entre ses mains, et il commettra des iniquités telles qu'il n'en fut jamais commis depuis le commencement des siècles.
Alors toute créature humaine entrera dans le feu de l'épreuve : « beaucoup se scandaliseront » et périront ; « mais ceux qui auront persévéré » dans leur foi « seront sauvés » par Celui-là même qui aura été un objet de malédiction. Alors « apparaîtront les signes » de la vérité : premier signe, les cieux ouverts ; deuxième signe, le son de la trompette ; troisième signe, la résurrection des morts ; non de tous, il est vrai, mais, selon qu'il a été dit : « Le Seigneur viendra et tous les saints avec lui ». Alors le monde « verra » le Seigneur « venant sur les nuées du ciel ».


Généralement, les auteurs des apocalypses (comme l’Apocalypse de Pierre) se livrent à des descriptions bien terrifiantes. Dans la Didachè, le monde n’est pas détruit, le ciel et la terre se sont pas anéantis ; le Messie viendra régner sur une terre d’où les méchants auront été bannis.

Jésus avait lui-même déclaré :

Actes 20 :29 : « Je le sais : quand je ne serai plus là, des loups féroces se glisseront parmi vous, et ils seront sans pitié pour le troupeau. »Semeur

Marc 13 :19 : « car ces jours-là seront une tribulation telle qu'il n'y en a point eu de semblable depuis le commencement de la création que Dieu a créée, jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais.

Matthieu 24 :42, 44 : « 42 Restez donc vigilants, puisque vous ignorez à quel moment votre Seigneur viendra.  44 C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas.»

Matthieu 16 :27 : « En effet, le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il traitera chacun conformément à sa manière d'agir.»

Matthieu 24 : 30 : « Alors le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans le ciel; tous les peuples de la terre se lamenteront et ils verront le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire.»

2 Timothée 4:1 : « Je t'en conjure donc devant Dieu et devant le Seigneur Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, lors de son apparition et de son règne, » -  Ostervald


Canonicité

Eusèbe, dans son catalogue des livres contestés du Nouveau Testament, après avoir cité les Actes de Paul, le Pasteur d’Hermas, l’Apocalypse de Pierre, l’Epître de Barnabé, mentionne « les Didachaï dites des apôtres ». Histoire ecclésiastique III, XXV, 4-5.
40 ans après Eusèbe, Athanase (mort en 379) cite la Didachè, avec la Sagesse de Salomon, le Siracide, Esther, Judith, Tobie et le Pasteur d’Hermas, au nombre des écrits non canoniques mais « prescrits par les Pères pour être lus aux catéchumènes qui veulent être instruits dans la parole de Dieu » (39 épître festale de l’an 367).


Conclusion :

La mise en parallèle des deux voies, la voie de la vie et la voie de la mort est conforme aux paroles de Jésus :
Matthieu 7 :13 : « Entrez par la porte étroite ; en effet, large est la porte et facile la route qui mènent à la perdition. Nombreux sont ceux qui s'y engagent. » Semeur

L’auteur de la Didachè n’était pas trinitaire tout comme les Apôtres.

Seuls deux sacrements étaient pratiqués dans l’Eglise primitive le Baptême et l’Eucharistie. Ce sont bien ces deux seuls sacrements que Jésus nous a commandés d’observer (1Cor 11 :24,25 ; Mat 28 :19).
Le baptême étant un engagement sérieux et réfléchi, dans la voie du Christ, avec l’approbation de la communauté.
Cependant, le modèle donné par le Nouveau Testament consiste en une immersion complète dans l’eau, sans jeûne préalable contrairement aux prescriptions de la Didachè.
L’Eucharistie, elle, était, dans la Didachè, célébrée tous les dimanches après la confession des péchés. Selon le Nouveau Testament, le premier repas du Seigneur a été 
célébré par Jésus le 14 Nisan, suivant la Pâque juive instaurée par Jéhovah Dieu 1500 ans plus tôt, et sans qu’il y ait eu confession des péchés.  

L’espérance des chrétiens d’alors était, conformément aux paroles de Jésus lui-même, le retour du Christ qui viendra avec ses cohéritiers (« et tous les saints avec lui ») pour régner sur la terre après un temps d’épreuve sous la domination du grand Séducteur (l’antichrist).
Cette croyance est en parfaire harmonie avec les paroles de Jésus, l’Apocalypse de Jean, le livre de Daniel et d’autres passages de la Bible.

Enfin, on peut s’interroger sur un début de corruption de l’enseignement apostolique avec l’aumône qui rachèterait des péchés, le baptême par aspersion et la messe du dimanche présentant l’eucharistie hebdomadaire.

La Didachè et l'Eglise primitive - Emile Besson


Olivier                                                                        Pour laisser un commentaire, c'est ici !

Sauf indication spéciale, les versets ont été tirés de la traduction Segond 21 

 


La Didachè commence par parler de l’existence de 2 chemins : Didachè 1 :1 : « Il y a deux chemins : celui de la vie et celui de la mort".